Le portrait au vitriol d'une romancière de pacotille
Angelica Deverell est la fille unique d'une brave et courageuse épicière qui est veuve.
Angelica est inscrite dans une école chic grâce à l'aide financière de sa tante (la sœur de sa mère) qui souhaite inculquer à sa nièce une bonne éducation.
Mais Angelica qui se fait appeler Angel et qui développe un ego démesuré, abandonne l'école à quinze ans.
Elle étouffe dans son milieu modeste et ne rêve que de gloire.
Elle s'imagine supplanter la châtelaine de la région et vivre dans ce château où sa tante est gouvernante.
Elle feint d'être malade pendant des mois pour rester au lit et écrire un roman.
Elle l'envoie à plusieurs éditeurs, et contre toute attente elle parvient à faire publier ses élucubrations dont elle est persuadée que ce sont des chefs-d'oeuvre.
Ses histoires sirupeuses rencontrent le succès parce qu'elles répondent au souhait de lecteurs qui veulent fuir la banalité du quotidien.
A l'image du voile d'aveuglement dont se drape la narcissique et tyrannique Angel, sa notoriété ne sera qu'un écran de fumée éphémère. Il sombrera aussi vite qu'il est apparu la plongeant dans la déchéance et la ruine.
Le roman d'Elizabeth Taylor montre l'étonnante ascension sociale d'une personnalité névrosée.
L'auteur se serait inspirée de la vie de l'une de ses contemporaines : Marie Corelli, une écrivain anglaise (1855-1924) qui connut un succès populaire incroyable avec des romans à l'eau de rose… Elle vécut une vie fastueuse et extravagante avant de sombrer dans l'oubli et d'être ruinée.
Le personnage "d'Angel" a inspiré le cinéaste français François Ozon pour son film "Angel" sorti en 2007, avec Romola Garai, Sam Neill, Charlotte Rampling, Lucy Russell.
J'ai A-DO-RE !!!! Je vous recommande vivement cette lecture…
Elizabeth Taylor (1912-1975), appréciée des meilleure écrivains (Rosamond Lehmann, Elizabeth Bowen, Kingsley Amis), est l'auteur d'une douzaine de romans et de quatre recueils de nouvelles.
Angel, sélectionné comme l'un des meilleurs romans anglais parus depuis la guerre, passe pour le sommet baroque et tourmenté de son oeuvre. Les critiques reconnaissent une poésie de la nostalgie évoquant Tchekov alliée à l'ironie de Jane Austen - et un talent singulier, bien à elle.