mardi 13 janvier 2015

"Et Nietzsche a pleuré" de Irvin Yalom





Passionnant ! Brillant ! Envoûtant !


Ne vous laissez pas décourager par les quelques premières pages un peu cucu-la-praline concernant la rencontre (fictive...) entre Joseph Breuer et l'ensorcelante Lou Andréas Salomé.
Dans ce premier chapitre, l'auteur Irvin D. Yalom nous parle une fois de plus de sa fascination pour les seins des femmes !!! et chante la beauté de Lou Andréas Salomé à la façon des romans Harlequin.
Mais je lui pardonne car la suite est un enchantement !

L'histoire, donc, la voici : Lou Andréas Salomé force la porte du célèbre Joseph Breuer (l'un des médecins les plus réputés d'Europe pour sa "cure par la parole") pour le supplier de s'occuper de son ami Friedrich Nietzsche qui souffre, selon elle, d'un désespoir pouvant le conduire au suicide. Cet état pathologique est assorti de terribles migraines et de cécité partielle.

On entre vraiment dans le sujet ... page 80... quand Breuer reçoit Nietzsche dans son cabinet réputé de la Vienne de fin de siècle qui bourdonne des tâtonnements enfiévrés des précurseurs de la psychanalyse. (Freud est ami de Breuer)

S'instaure alors un dialogue émouvant, subtil, intelligent entre le médecin et le philosophe.
(je vous rappelle que c'est une œuvre de fiction, les rencontres entre ces personnages célèbres n'ont jamais existé)

Mais qui soigne qui ?

Si le Dr Breuer pense être maître du jeu, il se trompe. Il va petit à petit perdre la main et livrer ses propres  angoisses à Nietzsche (il a plus de quarante ans et ... il perd ses cheveux !) et parler de son obsession pour sa patiente la célèbre et belle Bertha Pappenheim surnommé "Anna O".

Le Dr Breuer a cette sensibilité, cette ouverture d'esprit et cette capacité d'écoute qui rendent possible la guérison  contrairement à Nietzsche qui affiche une carapace et des certitudes dont il est prisonnier.

 La sincérité, la générosité et la patience du Dr Breuer vont finalement provoquer chez Nietzsche un lâcher- prise salutaire. On comprend alors les larmes de Nietzsche (le titre du livre a paraît-il été trouvée par Marilyn, l'épouse de l'auteur).

Le récit est très bien construit : il y a du suspense, des rebondissements, on se demande à chaque instant ce qui va se passer et on n'a pas envie de lâcher cette "thérapie philosophique" !
La fragilité de Nietzsche m'a émue et j'ai éprouvé beaucoup de compassion à son égard même si bien souvent son orgueil m'a... agacée !


Ces entretiens fictifs donnent à réfléchir sur la communication entre les êtres, sur la peur, la solitude, la vie, la mort, le couple.


 Livre très accessible car il est traité à la manière d'un polar !






L'auteur Irvin D. Yalom est une star aux États-Unis.
Il est né en 1931 à Washington de parents russes.
Docteur en médecine depuis 1956 et professeur émérite de psychiatrie à Stanford depuis 1994, il a mené de front une carrière de psychiatre, d’animateur de thérapies de groupe et d'écrivain.
À plus de 80 ans, Irvin D. Yalom continue de consulter et d’écrire du fond de son fief californien, à Palo Alto où il coule des jours heureux en compagnie de son épouse Marilyn "sa plus impitoyable critique" (sic) !

Ses romans (dont j'ai lu et aimé la plupart) :
La Méthode Schopenhauer, Le Bourreau de l'amour, Le Jardin d'Épicure, En plein cœur de la nuit, Le problème Spinoza, Mensonges sur le divan, La Malédiction du chat hongrois, L'Art de la thérapie.
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